Devenue "la capitale mondiale du viol" et "l'endroit du monde où il est le plus dangereux d'être une femme", on se demande toujours quand-est-ce que le Gouvernement congolais assumera ses responsabilités d'indemniser les victimes de violences sexuelles. Il semble que l'impact de la violence sexuelle n'a pas encore atteint le baromètre politique des questions les plus sensibles au Congo, en dépit de témoignages concordants que la situation demeure hors de contrôle. C'est totalement irresponsable.
L'excuse que ces actes horribles étaient exclusivement commis par des groupes armés étrangers semble perdre petit à petit son attrait, comme c'est maintenant largement connu qu'il ya beaucoup d'hommes en uniforme qui s'en sortent avec des crimes de violence sexuelle parce qu'ils ont tant d'influence dans le gouvernement. Le cas de Ntaganda et bien d'autres illustrent cette politique non écrite dans les livres. Le danger ici est que ces mêmes hommes impunis empêchent le gouvernement de prendre des mesures pour aider les victimes en raison de la crainte que cela va permettre aux victimes de les traduire en justice.
S'il est vrai que quand «les gouvernements commettent des actes qui sont définis par leurs propres lois, comme criminels ou lorsque des représentants du gouvernement enfreinnent la loi dans le cadre de leur emploi, ils s'engagent dans la criminalité organisée par l'Etat", le gouvernement congolais doit être ajouté sur la liste. Il est clair que la propagation des actes inqualifiables de violences sexuelles et l'abandon injustifié de près d'un million de victimes, sans le soutien nécessaire pour reconstruire leur vie peuvent être considérés comme des crimes organisés par l'Etat. C'est en effet, en plus de la réticence inacceptable de punir les responsables.
La compensation monétaire, même si elle ne peut pas réparer les dégâts, est une forme de justice, que le gouvernement congolais devrait de toute urgence rendre accessible à toutes les victimes de la violence sexuelle intéressées tout en faisant tout pour punir les responsables. L'argent est également utile d'une manière pratique, pour payer la thérapie et peut-être offrir des possibilités éducatives et économiques qui avaient été perdues ou aider les nombreuses victimes qui se sont retrouvées expulsées de leurs familles parce qu'elles ont été violées à reconstruire leur vie.
Au Congo, le gouvernement semble avoir perdu le contact avec l'une de ses responsabilités fondamentales. Comme le font remarquer Weber, Marx et Gramsci, aucun État ne peut survivre sans établir la justice. La loi est une pierre angulaire dans la création de tout type d'ordre social. Elle fait valoir les principes universels en exigeant certains comportements et interdire les autres. La protection de la propriété et la sécurité de personne sont des obligations assumées par les Etats partout
Pour certaines raisons, le gouvernement congolais se comporte comme si c'est beaucoup mieux pour la communauté internationale d'assumer cette responsabilité fondamentale à sa place dans l'Est du Congo. Bien qu'il n'y ait aucune raison d'être contre l'intervention humanitaire de la communauté internationale surtout qu'il n'existe toujours pas encore la volonté du gouvernement de mettre fin à la cruauté et la souffrance à l'est du Congo, le refus du gouvernement d'aborder la question de la violence sexuelle, une fois pour toute, peut faire transformer progressivement cette intervention en permenent. Malgré les bonnes intentions, les interventions humanitaires prolongées dans l'Est du Congo seront plus susceptibles de créer des potentielles menaces à l'intégrité territoriale de la RD Congo. Par conséquent, le gouvernement congolais doit donner la priorité à la nécessité urgente d'aborder tous les aspects de la violence sexuelle, y compris la compensation des victimes.
Le gouvernement semble avoir été induit en erreur en pensant qu'il allait éviter de traiter l'impact de la violence sexuelle pour si longtemps sans créer de nouveaux problèmes. Malheureusement, il devient clair que ces problèmes ne disparaitront pas, sans actions concrètes du gouvernement. Cela signifie une reconnaissance pleine et entière que ses discours puissants sans suivis et ses communiqués de presse impecables seuls ne suffiront pas. Il ya besoin d'un changement dans la façon dont la Rd Congo cherche à résoudre le problème de la violence sexuelle parce que l'approche actuelle n'a pas produit des résultats positifs. À moins que les autorités congolaises sont contentes avec des rapports quotidiens de la multiplication des incidents de violence sexuelle ou s'ils veulent continuer à créer plus de problèmes. Avec plus de près d'un millions de victimes abandonnées, tôt ou tard, la RD Congo sera contrainte de faire face à ce problème non résolus de l'indemnisation des victimes de Violene sexuelle. Peut-être que cela se produira lorsque les conséquences négatives de la politique actuelle auraient créé suffisamment de problèmes.
Cependant ce silence du gouvernement est assourdissant et alimente la montée de la violence sexuelle contre les femmes et les enfants. De toute évidence, le Président Kabila n'a pas pu rester fidèle à son engagement de campagne 2006 de tout faire pour protéger les femmes et les enfants à l'est du Congo. Un nouveau rapport publié par Oxfam montre que les femmes continuent d'être violées chaque jour au Congo à un rythme alarmant "près de la moitié de ces victimes en plein jour et demi dans leur propre maison." Malheureusement, en dépit de la multiplication de ces incidents, le gouvernement congolais ne traduit pas toujours les criminels en justice et il n'assiste pas toujours les victimes. Encore une fois, en refusant de soutenir les victimes, le gouvernement donne des licences à ceux qui violent des femmes et des enfants.
En conclusion, aucune victime de violence sexuelle devrait être abandonnée sans soutien. Il ne suffit pas pour le gouvernement de tenir seulment de discours qu'il lutte contre la violence sexuelle, tout en refusant de prendre la responsabilité. Soutenir les victimes à reconstruire leur vie transmet un message plus serviable. En théorie, le gouvernement de la RD Congo semble être dans la lutte contre la violence sexuelle, mais dans la pratique, elle fait autre chose. Il favorise volontairement ces criminels au lieu de les punir et refuse de soutenir les victimes. C'est ce qui fait que les crimes de violence sexuelle au Congo ressemblent à des crimes d'État organisés. Le gouvernement faisait croire au monde entier que ces actes horribles se passaient, car il avait perdu le contrôle de cette partie du pays aux rebelles. Maintenant, il contrôle tout le pays, mais les mêmes problèmes persistent. Seule une combinaison qui cherche à punir les responsables tout en permettant aux victimes d'exercer leur droit à l''indemnisation peut finalement contribuer à réduire le risque de victimisation